La solidarité pendant les fêtes, avec l'association La Mie de Pain

À La Tablée des Chefs, nous mobilisons la cuisine comme un véritable outil de solidarité. Grâce à l’engagement de collaborateurs d’entreprises des Défis Solidaires et d’élèves de lycées hôteliers à travers Les Cuisines Solidaires - La Relève, des milliers de repas sains et savoureux sont préparés chaque année et remis à nos associations partenaires. Parmi elles, La Mie de Pain, avec qui nous collaborons depuis plusieurs années.

Fondée en 1891, La Mie de Pain lutte contre l’exclusion à Paris en proposant des repas, des solutions d’hébergement et un accompagnement social aux personnes en situation de grande précarité. Reconnue d’utilité publique, l’association s’appuie sur plusieurs structures — foyers, accueils de jour et dispositifs d’urgence — pour répondre à la fois aux besoins essentiels et aux parcours d’insertion à plus long terme.

À l’approche des fêtes de fin d’année, nous avons discuté avec Jean Perez, responsable des ressources externes de La Mie de Pain, afin d’échanger sur ce que représente la solidarité et sur l’importance de se retrouver autour d’un bon repas en cette période particulière.

Salut Jean, est ce que tu peux nous en dire plus sur les missions de La Mie de Pain ?

La Mie de Pain accompagne exclusivement des adultes en situation de grande précarité, qu’ils soient hébergés dans nos structures ou qu’ils viennent simplement chercher un repas et un lieu sûr. Nous gérons notamment des foyers pour femmes d’une capacité de 50 à 60 places, ainsi qu’un foyer pour hommes dans le 13ᵉ arrondissement.

Notre accueil est ouvert, gratuit et sans condition. Les personnes orientées par les maraudes trouvent chez nous un hébergement d’urgence, mais aussi un espace où se poser et se restaurer. Aujourd’hui, nous ne recevons pas encore d’enfants, mais c’est un projet que nous espérons développer un jour.

Comment fonctionne le service des repas ?

Nous servons environ 1 000 repas par jour (jusqu’à 1 200 en hiver) dans un self-service. Les repas sont distribués sous forme de self-service : chacun prend un plateau, choisit son repas et s’installe pour manger sur place. Il ne s’agit pas d’une distribution de conserves ou de colis alimentaires, mais d’un véritable service de restauration qui permet à chacun de profiter d’un repas chaud et équilibré.

Environ un quart des aliments provient de dons, ce qui demande une grande capacité d’adaptation aux équipes cuisine. Le public accueilli est très varié : des femmes seules, des retraités, des personnes sans abri, mais aussi de plus en plus de travailleurs précaires, comme des livreurs qui viennent manger avant de reprendre leur tournée. Pour beaucoup, ce repas est le seul moment de la journée où ils peuvent manger correctement.

Comment se déroulent les repas de fête ?

Pour Noël et le réveillon, nous accueillons 850 à 875 personnes. Les repas sont plus copieux et festifs : agneau avec purée de panais, fagots de haricots… Nous décorons les tables, organisons des animations, karaoké, musique, bonnets, et parfois des spectacles ou magiciens.

Chaque personne repart également avec un petit cadeau, comme des chocolats, un thermos ou un objet utile du quotidien. Une partie de ces cadeaux vient de dons, et le reste est acheté pour garantir que chacun reçoive la même chose, dans un souci d’équité et de respect. Les portes restent ouvertes jusqu’à ce que la dernière personne soit repartie, les horaires sont élargis, et tout est fait pour que personne ne se sente exclu.

Quel impact ces repas ont-ils sur les bénéficiaires ?

Ces repas offrent convivialité, plaisir et dignité. Pour beaucoup, c’est un moment de réconfort et un rappel de souvenirs heureux de Noël. Cela contribue également à la reconstruction psychologique, en favorisant les échanges et le lien social. Ce sont des moments de solidarité, de partage et de plaisir, où chacun peut se sentir accueilli et respecté. Même en situation de précarité, tout le monde mérite de fêter et de profiter d’un moment chaleureux, et nous faisons tout pour que cela soit possible.

Quelle est la participation des bénévoles ?

Une cinquantaine de bénévoles se relaient pour le service et l’animation, certains viennent même avec leurs familles. Les bénévoles servent les repas, distribuent les cadeaux et participent à la convivialité. Certains salariés participent aussi, en plus de leur travail en cuisine.

Quels sont vos besoins pour cette période ?

À cette période, nos besoins augmentent vraiment, surtout entre novembre et janvier. Nous avons davantage de monde, donc nous avons besoin de plus de bénévoles pour assurer l’accueil et la distribution des repas. Les dons alimentaires sont aussi très importants, parce qu’ils nous permettent d’améliorer la qualité des menus, notamment pendant les fêtes. Nous cherchons également des dons de petits cadeaux pour pouvoir offrir quelque chose à chaque personne lors des réveillons. Pour les femmes que nous accueillons, le maquillage ou les produits de soin sont particulièrement appréciés : ce sont des attentions simples, mais qui ont un vrai impact sur l’estime de soi, surtout quand elles arrivent après des situations de grande violence ou d’errance. 

Jean Perez nous l'a expliqué : l’accueil, la dignité et le partage d’un repas sont essentiels pour les personnes en situation de précarité, et tout particulièrement pendant les fêtes de fin d’année. Plus qu’un simple moment pour se nourrir, ces repas deviennent alors des instants de réconfort, de lien et de plaisir, où chacun peut retrouver une place à table.

Dans cet esprit, et à l’occasion de cette période si particulière, La Tablée des Chefs a organisé des Défis Solidaires dédiés aux Biscuits de Noël. Préparées par des collaborateurs d’entreprises engagés, ces gourmandises viennent apporter un petit supplément de douceur et de réconfort, en complément des repas proposés par La Mie de Pain. Un geste simple, mais porteur de sens, pour offrir un peu de chaleur et de plaisir à celles et ceux qui en ont le plus besoin pendant les fêtes.